bye-bye

Publié le par tourmentout

L'instant le plus dur...

On s'est retrouvés, vers 20h à Montparnasse. Je trouve ça trop glauque de lui faire la bise, et le baiser sur la bouche est malvenu compte tenu des circonstances. Maladroit, et fidèle à ma réputation de "l'homme du compromis", je lui fais un bisou sur la joue, elle m'en rend un sur l'autre joue. Elle est souriante, et moi distant, c'est-à-dire normal en boudant un poil. On se promène, on discute, tout est simple, les mots viennent facilement malgré mon mal de gorge. "Tu l'as dit à qui, toi?" "Oui, moi aussi" "Oh, elle était surprise" "Nous deux c'est vrai que ça faisait longtemps qu'on s'y préparait" Ca doit être pour ça qu'on n'est pas trop triste, pensè-je. Tu parles, une demi-heure plus tard, au moment de se séparer, on se dit au revoir pour la dernière fois, on est tellement tristes et on pleure enlacés, au beau milieu de la place Montparnasse. Les dernières caresses, les dernières tendresses, les derniers sourires, les derniers rires. Les dernières petites voix douces, coquines, grondeuses, les derniers cajolements. Tout ça désormais, sera pour un autre, ou sombrera dans l'oubli, pour voir naître une nouvelle panoplie de mimiques affectives et de gestes tendres. Un moment intime, solitaire, au milieu d'une foule d'âmes errantes qui effleurent notre détresse du bout de leur démarche. Nous sommes deux silhouettes noires bravant l'anonymat de la grande ville, éprises, enlacées, tremblottantes, sanglottantes. Des doigts dans les cheveux, des gouttes salées glissent jusque dans le cou, il faut exorciser, expier, expirer notre amour réciproque pour qu'il ne vienne plus nous hanter lors de soirées solitaires à venir, il faudra résister à la douleur et à l'addiction, fermer les yeux devant le bonheur en peau de satin, un bonheur si facile à consoler et à enjoler, il faudra serrer les dents devants un champ de papilles tièdes, douces, et chatouillantes. Il faudra s'agenouiller, baisser la tête et serrer du sable dans nos mains en mordant notre frustration. Alors nous expions, nous pleurons, nous enserrons l'autre pour lui rendre ses dernières effluves d'amour, pour faire passer par nos doigts crispés les dernières étincelles électriques qui alimentaient la folie de notre union. Des volutes noires s'échappent, témoins de l'ardeur des réactions chimiques, ils s'entortillent, s'étranglent au-dessus de nos têtes, et s'évanouissent. Au revoir

Publié dans Littérature

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